Préambule:
Je me suis toujours refusé à faire de ce blog un tribune philosophique et/ou politique. Il serait néanmoins très hypocrite de prétendre que les évènements de ce mois de janvier 2015 laissent indifférent. Et la succession d'évènements et de déclarations, jour après jour, ont créé chez moi un énorme sentiment de malaise. Alors, il faut que ça sorte. Et le seul endroit où je peux m'épancher publiquement, c'est ici. Alors, excusez moi, je vais me lâcher quelques minutes. Si le sujet vous déplait, fermez cette page. Le prochain article sera plus dans le ton habituel... Et c'est promis, je ne reviendrai pas là dessus.
Gros sur le coeur..
Il parait que nous étions 40 000 à défiler, l'autre dimanche, dans les rues d'Aix. Je ne peux pas parler pour les 39 999 autres. Mais, en ce qui me concerne, ja n'avais aucune arrière pensée religieuse - et pour cause. J'étais simplement horrifié par les massacres perpétués par des abrutis (au sens strict): des journalistes, un agent de nettoyage, trois policiers et quatre clients d'un supermarché, passés à la Kalachnikov Comme ça, comme par caprice. Dans la manifestation, il y avait surement des gens qui, lorsqu'ils chantaient "qu'un sang impur abreuve nos sillons" avaient une idée précise sur quel sang verser... Mais enfin, on avait quand même l'impression que la République, notre République, se rassemblait enfin pour défendre ses valeurs. Et puis rapidement derrière, on a pu observer un glissement furtif dans le commentaire:
- Le blasphème, c'est quand même critiquable
- Ils y vont fort, non?
- Ils sont vraiment allés trop loin!
- Ils l'ont bien cherché!
- C'est bien fait pour leur gueule!
- Pendez les survivants!
Au passage, on a compris pourquoi les gens de Charlie Hebdo avaient qualifié le défilé des chefs d'états à Paris de "bal des faux-culs". Bon, pour les potentats africains qui étaient venus surtout pour vérifier les robinets en or de leurs appartements avenue Foch, pas vraiment de surprise. Pour les leaders du Proche Orient, on se dit qu'ils doivent tenir compte pas tant des bulletins de vote (ça, ils gèrent) mais aussi des Kalachnikov. Là ou par contre j'ai eu un choc, c'est en lisant l'Express l'autre jour:
Le charmant Pape François, si ouvert, si moderne, qui vient se placer entre l'option 4 et l'option 5 (je vous laisse le choix), juste au cotés du grand leader tchétchène. (Je ne sais pas quelle est la position de Kadyrov sur le coïtus interruptus).
Il parait que la fameuse phrase "Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'au bout pour que vous puissiez le dire" n'est pas de Voltaire. Elle serait en fait due à une biographe anglaise de Voltaire, Evelyn Beatrice Hall, qui l'aurait écrite en 1906! On ne prête qu'aux riches. En tout cas, cette phrase a été prise au pied de la lettre l'autre jour.
C'est vrai, Charlie Hebdo a bouffé du curé, de l'imam et du rabbin depuis 40 ans.
Mais il a aussi cassé du sucre sur les flics à tour de bras.
Et pourtant, deux policiers ont donné leur vie pour les défendre.
C'est ça qu'on appelle un République Laïque, non?