Poubelle la vie

Notre agent secret HDP (Hubert pour les dames) nous entraîne derrière lui au voisinage de la Place des Prêcheurs, le 16 mars dernier, vers 16h.
Nous démarrons à l'angle de la rue de Suffren...
 
Il est normal de se balader place des Prêcheurs. Rappelons que cet espace fut créé par le célèbre Roi René, qui voulait ouvrir un espace pour la promenade des Aixois, non loin de son palais. Il décréta donc un agrandissement de la ville, en incluant dans la cité le couvent des Dominicains et son église (Sainte Madeleine) en 1451.
 
















C'est à cette occasion que l'ancienne porte de la ville se transforma en "portalet", sous lequel débouche ici à droite la rue Rifle-Rafle, que nous avons déjà évoquée lors d'une balade précédente.
Nous traversons la place pour prendre la rue Manuel.
 




Dans cette rue se situe une anecdote amusante: il y avait là une auberge appelée "Le logis de Paris"; c'est là que vint s'installer en 1638 (ou 39) le premier "percepteur" envoyé par le Roi pour collecter les taxes sur les charges de notaire ou de greffier. Que croyez vous qu'il arriva? A l'occasion d'une procession, six hommes, habillés en Pénitents Noirs montèrent dans sa chambre et l'assassinèrent...  Ah, les juristes... 
Ensuite, nous arrivons rue Ganay, où trône, nous dit HDP, "là encore un panneau inutile":
 
Je profite de cette image, probablement par association d'idées, pour évoquer le rôle important que joua la place des Précheurs jusqu'à la fin du XVIIIeme siècle: c'est là que se dressait l'échafaud. Pas une vague estrade, mais un échafaud en pierres de taille, sur lequel on fouettait, rouait et pendait allègrement les condamnés. En 1768, une bande de 14 voleurs et assassins (on ne sait pas comment ils jetaient leurs poubelles) fut exécutée d'un coup. Ce spectacle émut les bourgeois qui demandèrent que l'échafaud soit déplacé.
Ils n'eurent satisfaction qu'en 1775 l'échafaud fut placé "hors les murs" (du côté du parking Pasteur, mais je n'en suis pas sur). Tous les maîtres maçons d'Aix furent convoqués, mais aucun ne voulu commencer le travail de démolition; parce que, c'est bien connu, ça porte malheur. C'est donc le 2nd Consul d'Aix qui donna le premier coup de marteau.. (Comme qui dirait Fillon qui s'y colle, parce que le N°1 ne s'occupe pas dece genre de chose)

Nous terminons rue de la Mule Noire:
 
Il y a encore quelques anecdotes croustillantes  sur cette rue (qui doit son nom, bien sur, à une enseigne d'auberge). mais si vous le voulez bien, je les garde pour une autre fois. les anecdotes, c'est comme les photos: si on met tout d'un coup, on n'a plus rien pour la fois d'après...
Je laisse à HDP le mot de la fin:
"Je n'ai fait ces photos que sur à peine 300 mètres de distance,
c'est dire qu'il ne faut aucunement chercher pour les faire.
Et encore, je zappe les sacs à l'unité même gros, il y aurait trop de photos."
 

Notre envoyée spéciale permanente, l'infatigable Caroline, passe beaucoup de temps autour de la Cour d'Appel d'Aix.
Peut être est-elle une dangereuse multi-récidiviste ou alors une juriste patentée...
Le 16 mars dernier elle nous envoyait le reportage suivant. Comme d'habitude, nous lui cédons la parole:
"Une crasse .... quelle horreur ....




 Là nous sommes derriere la cour d'appel, pourtant quartier plutot chic... 

il manque à l'appel les poubelles de Decathlon (tres courues chez les chineurs sportifs) ainsi qu'un micro ondes et un tabouret que j'ai perdus en photo... ah non, les revoila, ils étaient tellement seuls contre le mur face à cette horde de poubelles ... 

 

le plus étonnants c'est qu'il y a qq semaines , j'avais décrit ce coin comme les meilleurs poubelles, les plus propres, les mieux alignées . les jours se suivent et ne se ressemblent pas... 
 
 
 

On fait le tour et on voit une multitude de cartons juste en face du palais Montclar .... et si on fait un quart de tour, une poubelle grise bien vide et bien seule:

et si on se tourne encore un peu , on voit un tas de poubelles noires avec un mega pot de fromage blanc devant la cour d'appel.

évidemment... j'ai regardé le contenu ....

Oh les poubelles de la Cour d'appel !!!! on sait jamais, ça pourrait etre confidentiel ... 



 








Je reconnais bien là l'esprit de fronde de notre cour d'appel qui , rappelons-le,  est implantée à Aix en raison de l'ardeur revolutionnaire de la ville  : Marseille ayant été un peu mou du genou, elle fut debaptisée pour être renommée "la ville sans nom" et perdit ainsi apres la revolution la possibilité d'avoir sur ses terres la cour d'appel,qui est la Cour n°1 en France en terme de volume de dossiers.... et peut etre aussi en volume de poubelles !!! "

Comme avait dit Maryse aux avoués, avocats, greffiers "moi Maire, jamais la cour ne démenagera à Marseille". Ils ont déjà la grève des poubelles , ce supplement serait visiblement de trop ! "

En goguette vendredi soir dans le centre ville, notre ami Caroline est partie à la recherche d'un petit restaurant sympathique.  
Il y a plusieurs petites rues, comme ça, où l'on a l'embarras du choix. Elle jette son dévolu sur la rue du Félibre Gault, qu'elle attaque depuis la rue des Cordeliers:
 
"Pas compliqué, il suffit de se frayer un passage, c'est juste après les quelques petits trucs qui bouchent un tout petit peu la rue"
Reconnaissons que le choc est rude, et pas vraiment apéritif.... 
Je connais bien ce coin de rue, il est sur mon chemin quand je remonte vers la mairie.
 
Témoignons que c'est comme ça tous les jours. Matin et soir. Il y a un ramassage vers 11h. Mais la vitesse de remplissage des containers est fulgurante, et leur débordement irrésistible... Surtout qu'on y dépose des trucs pas prévus..
 
Entre parenthèses, on se demande comment les riverains supportent ça, et comment les troquets peuvent étaler leurs terrasses à 20 pas d'un truc pareil... 

Prise de panique, Caroline traverse la rue en vitesse et s'enfuit par la rue Espariat:
 
Ah, c'est moins crasseux, mais enfin il y a des travaux dans l'air.
Et qui dit travaux dit renouvellement de l'électroménager, ici comme ailleurs. Pas de miracle..
 

Bon, qu'est ce qu'on fait? allez, repli par la rue Aude, vers la mairie...
 
Ah bon, là aussi? Il y a de soirs comme ça. On pense qu'on va se faire un sauté d'agneau ou un loup grillé, et puis finalement, on a l'impression que l'appétit s'évanouit.
 
Finalement, l'histoire ne dit pas comment Caroline a fini la soirée. Chineuse comme elle est, elle a bien du récupérer un micro-onde un jour. Elle est rentrée chez elle, et faute de manger Provençal, Chinois ou Italien, elle a mangé Picard... 

Aujourd'hui, Caroline nous propose de la suivre dans le vieil Aix: 
Prenons d'abord la rue Granet, avec une jolie série de poubelles...



Ces photos ont été prises vendredi soir.... Sympa, la petite balade bras dessus bras dessous, au coeur de la ville,  vers un petit resto...

Et soudain, notre curiosité est piquée par des dépôts un peu particuliers: bonté divine, un QG de campagne électorale. 

QG qui vire ses tracts, et sa décoration à base de coupes et de trophées...
 
Sans oublier les citations humanistes et poétiques...  
 
Il faudra quand même vérifier la profession de foi de la liste en question.  Et en particulier le chapitre écologie, protection de l'environnement et citoyenneté... Pour le cas échéant, leur mettre le nez dans leur pipi...

Bon, allez, on n'est pas là pour faire de la politique politicienne. Nous continuons notre chemin et prenons la rue Rifle-Rafle; cette rue finit par le Portalet, qui a été une porte de la ville jusqu'à l'agrandissement du XIII eme siècle. Dans cette rue, des petits restos, (dont le Millefeuille, excellent, même si le service est un peu lent...)
Mais ce soir là, il y avait aussi du bricolage dans l'air...
 
Sans préjudice, bien sur, des dépôts d'ordure traditionnels, dont il n'y a pas lieu de se priver...

 Je voudrais profiter des photos de Caroline pour faire étalage de ma culture (ou plus exactement de la culture des auteurs que je lis). Connaissez vous l'origine du nom "Rifle-Rafle"? l'expression dérive du bas-latin "rieflare" qui sugnifie "dérober, enlever de force"; il existe 2 versions de l'explication du nom. 
certains (dont Roux-Alphéran) font le lien avec la grande peste de 1348, qui "rafla" un grand nombre de vies à Aix, et en particulier dans le quartier.  
d'autres (dont Boulaya d'Arnaud) penchent plutôt que c'était un coin plutôt coupe-gorge, où l'on s efaisait facilement dépouiller.

Curieusement, c'est dabns cette rue que fut établie, à la fin du Moyen-Age, la salle des ventes à l'encan d'Aix en Provence.

Est ce de cette époque que se perpétue la tradition d'y entasser tout un tas de cochonneries dont personne ne veut?
Si c'est vrai, reconnaissons que cette tradition est tenace...

Ah, la Provence, terre de contradiction: tradition et modernité... on dirait un discours électoral! 

Aujourd'hui dimanche, nous ne sommes sortis que dans l'après midi, pour aller voter d'abord (p'tet ben que la région regroupe les politiques des communautés de communes, va savoir).
Donc nous sommes partis à la Mairie, en essayant de remonter le Forum des Cardeurs, ce qui est un sport intéressant: comme qui dirait un slalom spécial en remontant, entre tables et menus sur tableau. Le plus extraordinaire, c'est la fontaine qui se trouve vers le haut. Grâce aux travaux, on a viré la terrasse qui avait annexé le tour de la fontaine. Comme il y a maintenant un large espace autour de la margelle, c'est devenu... un parking! Avec en principal client une camionnette aux couleurs de.... la Mairie!
Mais je m'égare. Donc en quittant la maison à 15h45, nous passons devant notre check point.
 
Normal, c'est dimanche. Pas de petit lutin qui sort ramasser vos cochonneries dès que vous les avez faites, comme dans la pub télé de Véolia Environnement (il faudrait l'interdire cette pub, ou alors rajouter un sous titre, comme dans les pub pour Coca Cola).

Après avoir accompli notre devoir électoral nous sommes parts au ciné voir le dernier Polanski (pas mal, mais ce n'est pas son meilleur). Nous en sommes sortis vers 18h45, et nous sommes rentrés par la rue de la Couronne.
pas déçus du voyage.
Donc nous quittons la Rotonde en contournant le café éponyme, et là sur le coin de la rue (Espariat, encore?)
 
C'est l'entrée en matière(s)... quelques pas plus loin, sur la petite place cernée de restaurants, contre la fontaine des Augustins, l'affaire se corse... 
 
En fait, j'ai loupé de peu un restaurateur qui venait de balancer un sac, quasiment en face de sa terrasse. C'est ça, créer une ambiance. déjà que, pour fumer une clope, il faut se cailler à l'extérieur, en plus, il y a la vue et l'odeur .
Mais ce n'est pas fini. Nous prenons la rue de la Couronne, et à une vingtaine de mètres, sur la gauche, un spectacle de choix:
 
J'ai du m'y reprendre à plusieurs fois pour prendre cette photo, car plusieurs fois des passants ont du enjamber le premier tas, en particulier, un couple qui arrivait en visite à cette porte était hésitant avant de sonner... L'observateur impartial notera qu'il n'y a pas de restaurant autour de ces tas...
Et puis ensuite, on arrive place des Tanneurs, autre au lieu des petites tables sympa du quartier:
 
J'ai vérifié, la chaise est vraiment cassée; pas d'intérêt pour notre chineuse favorite...

Après ça, je n'ai pas eu le courage de faire une deuxième photo au check-point, qui s'était à peine enrichi dans la soirée.