Et sapin,
il a vécu ce que vivent les sapins
L'espace d'un instant...
Parlez moi de la magie de Noël! C'est quand même fugitif, ne me dites pas le contraire.
On vous fait tout un cirque sur les préparatifs, la décoration soignée de la maison et (surtout) de l'arbre, magnifique tradition, héritée des vieilles fêtes païennes, christianisée dès les premiers siècles de notre ère, célébrée par Jean-Pierre Pernaud et marchandisée par Coca-Cola.
Allez, sonnez hautbois, résonnez musettes, et passez moi le foie gras...
Mais, à peine, les bougies éteintes, circulez, il n'y a plus rien à voir.
Pauvre petit sapin, hier encore, c'était la star de la soirée, enguirlandé de lumière, et pouf! aujourd'hui, c'est la petite marchande d'allumettes. Poignant, non?
Vous savez, moi, ce que j'en dis, c'est juste histoire de causer..
On pourrait embrayer sur un discours écologiste, sauf que ces gentils sapins de Noël sont à la forêt boréale ce que le poulet élevé en batterie est au coq de bruyère, le gros bleu qui tâche au Gevrey-Chambertin et la télé réalité au néo-réalisme italien..(mine de rien, je suis en train de peaufiner mon image de vieux con réac sans vraiment me fatiguer)
Non je voudrais plutôt philosopher sur la vanité de nos existences éphémères, et surtout, attirer l'attention de ceux de mes lecteurs qui occupent des positions sociales élevées (oui, oui, c'est à vous que je cause) Un jour, on est au sommet, on fait des déclarations fracassantes sur l'avenir de la nation, on émet des jugements sévères sur le suffrage universel, on crée des princes et des barons; et puis crac, les lampions s'éteignent, on vient vous chercher des poux dans la tête - même si elle est permanentée- et vous vous retrouvez à pleurnicher devant un parterre goguenard…Comme un vulgaire sapin, le lendemain de Noël..
Mais revenons à la fête et à la magie des cadeaux.
Dans notre dernière chronique (je ne vous mets pas de lien, faut pas exagérer, c'est juste le précédent, bossez un peu, aussi!), nous passions en revue les messages subliminaux qui permettent d'orienter subtilement la Père Noël- ou son fondé de pouvoir - vers le cadeau souhaité. Il faut croire que ça ne marche pas à tous les coups; il y a des cadeaux comme ça qui ne plaisent pas et qui, dès le lendemain, zou, se retrouvent sur le trottoir comme un sapin à peine défraichi.. Il faut dire que le cadeau électroménager est à manier avec beaucoup de précaution...
J'ai un souvenir d'enfance (vous n'étiez pas née, amie lectrice) où, un jour de fête des Mères, mon Papa avait oublié d'acheter un cadeau à Maman; à la dernière minute, il avait acheté une poêle à frire (et une bouteille de champ). C'était il y a plus de 50 ans, le féminisme n'était pas encore de mise, mais je peux vous dire qu'on s'en souvient! Heureusement, la poêle n'attachait pas!
Pour finir cette séquence nostalgie, je voudrais terminer sur une constatation que j'ai faite en tant qu'enfant, puis en tant que père, et aujourd'hui, en tant que grand père: les cadeaux les plus chers ne sont pas les plus appréciés...